Le Cycleau
Dans une publicité de 1930 nous découvrons un nouveau dispositif étonnant pour les loisirs et les sports nautiques qui a été construit par Austral: le Cycleau !
Malheureusement, on n'a pas retrouvé le brevet et la publicité ne contient aucune image du Cycleau. Toutefois, nous apprenons qu'il s'agit d'un appareil de nage immergé qui permet au nageur de se déplacer plus vite dans l'eau grâce à la propulsion par une hélice qu'il actionne en pédalant, tout comme sur une Nautilette. En tout cas, c'est un dispositif petit qui ne pèse que 8 kilos.
L'idée de construire un appareil de nage n'était pas nouvelle, loin s'en faut! Dès le XIXme siècle, il y avait des tentatives de construire une telle machine, soit pour aider à apprendre à nager, soit pour accélérer la vitesse d'un nageur. Afin de nous faire une idée approximative de l'apparence du Cycleau, nous étudierons ci-après ces inventions qui correspondent le mieux à la description de la publicité d'Austral. Nous nous limitons donc aux seuls appareils, destinés au sport ou bien à la médecine, qui sont propulsés par une hélice entraînée par des pédales qui, à son tour, sont actionnées par les jambes ou par les mains et les jambes à la fois.
William Hall Richardson:
William Hall Richardson:
La plus ancienne machine à nager ("swimming machine") est celle de William Hall Richardson, brevetée à Mobile, Alabama USA, le 23 décembre 1879 (no. 222,951. Vers une retranscription du brevet). Ici, le nageur s'appuie sur un flotteur et actionne l'hélice de propulsion au moyen de deux pédaliers, l'un pour les mains et l'autre pour les jambes. Cette construction est évoquée dans La Nature 1880, p. 184 avec une jolie gravure (ci-dessus, à gauche), grâce à laquelle elle est aujourd'hui la plus célèbre des inventions en matière des appareils pour accélérer la vitesse d'un nageur.
René Bergerioux:
La machine de René Bergerioux, breveté le 31 mai 1926 (nº. 616.924): il s'agit d'un appareil de propulsion qui comporte une hélice actionnée par un pédalier et ayant une démultiplication convenable, montée à l'extrémité d'un châssis que l'on fixe au corps du nageur. Il peut employer les mains pour la flottaison et la direction. Cet appareil n'a pas de gouvernail. On peut s'interroger si cette invention fonctionne bien.
Fernand Émile Alphonse Delattre:
L'appareil de Fernand Delattre, breveté le 27 juin 1925 (nº. 600.138): celui-ci est destiné plus à la médecine et l'hydrothérapie qu'aux sports et aux loisirs. Plus compliqué que l'invention de Bergerioux, il pèse sans doute plus de 8 kg. Il s'agit d'un cadre immergé avec une selle et deux flotteurs, qui comporte un gouvernail, relié par câbles à une barre de direction.
Gabriel Garnier et Léon Nicolas Davène:
L'appareil de G. Garnier et L. Davène, breveté le 18 avril 1910 (nº. 415.840): le nageur est à cheval sur le cadre, une poutre incliné, allégé par deux flotteurs. Au flotteur d'avant qui porte le gouvernail une barre de direction est fixée. Sous le flotteur d'arrière est placée l'hélice de propulsion actionnée à l'aide des pédales.
Georges Bylewski:
La machine inventée par Georges Bylewski, breveté le 19 mars 1926 (nº. 612.979): cet appareil se compose essentiellement d'un cadre sur lequel est montée une hélice actionnée par le nageur au moyen des pédales. L'appareil est doté d'un gouvernail que le nageur commande à la main à l'aide d'une barre, qui à son tour est reliée au gouvernail par câbles. Le tout est soutenu par deux flotteurs étant fixés aux extrémités du cadre. Le nageur s'appuie sur une selle. La petite roue à l'arrière du cadre facilite le transport par terre.
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Conclusion:
Il est très difficile de déterminer laquelle de ces inventions pourrait avoir inspiré l'Austral pour le Cycleau. Est-ce que la marque a copié un brevet expiré, ou est-ce qu'elle s'est servie d'une invention nouvelle et en vogue? On peut supposer que l'hélice de propulsion a été actionnée seulement par les jambes du nageur ("cycle-eau"), tandis que les mains maintenaient un "guidon" actionnant un gouvernail. Tout comme sur la Nautilette, le mécanisme de propulsion - un engrenage composé d'un couple de pignons coniques - était très probablement renfermé dans un carter étanche en aluminium qui contenait un bain d'huile. En outre, Austral aura imposé les mêmes exigences que celles qui s'appliquaient à la Nautilette: un engin facilement compréhensible et utilisable pour tout le monde en toute sécurité et partout, peu coûteux, facilement démontable et transportable. Sur la base de ces critères on penche pour l'appareil de Garnier et Davène ou celui de Bylewski.
Pour vous donner une impression vivante du fonctionnement et de l'apparence d'un tel appareil, voici une vue cinématographique, prise en 1936. La machine présentée ici est en tout cas très similaire à un Cycleau Austral:
Ci-dessous un collage de quelques photos issues de la vidéo:
Chapitre créé le 1 septembre 2016