Étienne Chéret
- Ne pas s'en faire quoi qu'il arrive -
C'était la devise que Chéret aimait bien écrire sur les side-cars et cyclecars qu'il employait en course.
Très peu connu aujourd'hui, "l'homme au foulard rouge, mais à l'inaltérable sourire" (Moto Revue, août 1929), qui remportera la plupart des victoires pour Austral durant les années 1920, mérite bien à nos yeux ce petit hommage que nous voulons lui rendre ici. (vous trouvez ses participations et victoires dans le tableau en bas de la page).
(Photo datant de 1932)
Étienne Henri Chéret, né le 25 Juillet 1886 à Neuilly-sur-Seine, commença sa carrière comme coureur cycliste. Il participa même, en 1912, aux Jeux Olympiques à Stockholm, où il prit la 89e place du "Men's Road Race, Individual", pendant que son équipe se classa 10e.
Le coureur Chéret en 1913
(voir une carte postale dans la collection des auteurs)
Après la Grande Guerre, en 1921, il prend la 12e au Paris-Brest-Paris, déjà âgé de 35 ans. À l'instar de beaucoup d'anciens coureurs cyclistes à l'époque, Chéret se tourne vers le sport motocycliste. On le retrouve au guidon d'un vélomoteur Mascotte PS 125 au Bol d'Or 1923 (ci-dessus) ainsi que lors de l'épreuve Paris-Nice, également en 1923 (ci-dessous). Cette même année, il gagne le groupe bleu (175 cm³) à la Coupe des Six Jours d'Hiver, faisant partie de l'équipe San-Sou-Pap, avec le pilote Sterny.
Le 22 juillet 1923, l'équipe Mascotte-P.S. participe au Grand Prix de France des vélomoteurs à Montargis.
De gauche à droite: Étienne Chéret (14), Marson (15) et Jean Poinsard (16).
Par la suite, il court avec beaucoup de succès pour Rovin pendant la saison 1924, avant qu'il ne devienne "pilote officiel" de chez Austral.
Raoul Pegulu de Rovin et Étienne Chéret avec leurs motos Rovin le 2 mai 1924, lors du Tour de France.
Pesage des motos au laboratoire de l'A.C.F., boulevard Bourdon.
Raoul de Rovin et Chéret étaient vainqueurs du Tour de France en 1924 sur Rovin-JAP 175 cm³
Le 8 juin 1924, Étienne Chéret et Decombard, lors du Bol d'Or
En août 1924, Chéret participe à l'épreuve Paris-Les Pyrénées-Paris sur une Rovin 175 cm³. Les photos ont été prises lors du départ, ci-dessus, et de l'arrivée, ci-dessous.
13 février 1926, pesage des motocyclettes pour Paris-Nice.
L'équipe Prester: de gauche à droite: Borniot, Pattin, Cheret et Andrieux. (agrandir)
À partir de 1926, Étienne Chéret devient le "pilote maison" pour Austral.
Joseph Bernadou Dacier, le directeur de la marque Austral, et Chéret avec leurs motos Austral
lors de l'épreuve des Six jours d'hiver en 1926. (agrandir les motos)
En janvier 1927, Étienne Chéret remportait la classe 250 cm³ aux six jours d'hiver.
(Photo tirée d'un catalogue d'Austral de 1928, aimablement prêté par Didier Mahistre)
Le 11 décembre 1927, Chéret apparaît lors de la Course de côte de Gometz-le-Châtel sur une Austral avec sidecar très remarquable, la 350 cm³ 4 CV Supersport du millésime 1927, qui faisait le 120 à l'heure! (ci-dessous). En avril 1928, Chéret remporte la Course de côte des 17 tournants à Dompierre, et en septembre 1928, il remporte le VII Meeting des Routes Pavées sur la même machine.
Je remercie sincèrement François-Marie Dumas pour l'autorisation de publier cette photo! (Découvrez son site Web moto-collection.org).
En mai 1928, encore une fois sur la 350 cm³ Austral attelée lors de la Course Automobile des Sept Kilomètres de Saint-Quentin (ci-dessous).
29 juillet 1928 à Versailles: l'arrivée des participants de la course Paris - Les Pyrénées - Paris. Chéret, le vainqueur souriant sur l'Austral 250cm³ à moteur LMP culbuté (ci-dessous).
(source de la photo ci-dessus: Zhumoriste)
(voir la photo entière agrandie)
Pas toujours fidèle à la marque Austral, Chéret s'engage occasionnellement avec succès sur Thomann (1927 et 1928) et sur La Française Diamant (1928, ci-dessous).
Cheret sur moto à side-car La Française au Bol d'or en mai 1928 (voir la photo entière).
Chéret à remporté la classe 350 cm³ au Bol d'or 1928
En 1930 on voit Chéret à la ligne de départ du Tour de France auto motocycliste, mais ses apparitions au guidon d'une moto auprès de grandes épreuves commencent à se faire rare. Il ne participera qu'au Bol d'Or 1929 avec une C.P. Roleo attelée et encore une fois au Bol d'Or 1932 en catégorie 500 cm³. Dans les deux cas, il abandonne prématurément, et les deux fois il s'engage aussi le lendemain dans la catégorie de cyclecars!
Au Bol d'Or 1929 sur une CP Roleo avec sidecar (source des 2 photos: Zhumoriste)
Chéret participe aux Six Jours d'hiver en janvier 1929 sur une moto Jack Sport à moteur LMP 350 cm³.
Au Tour de France 1932, il se classe 4e sur une Gillet-Herstal 350 cm³ (voir la photo ci-dessous dont la légende a été evidemment inversée par erreur: le dossard est bien celui du Tour de France, le sidecar est absent et le bloc-moteur est de chez Gillet).
Pendant les dernières années de sa carrière, Chéret s'intéresse de plus en plus pour les cyclecars et se distingue mème en tant que constructeur talentueux de ses propres engins. En 1928 il apparaît pour la première fois dans un cyclecar: le 26 août, il pulvérise tous les récords en catégorie 350 cm³ sur l'autodrome de Linas-Monthléry (Arpajon) avec un Austral cyclecar à moteur LMP 350 cm³, appelé "Zed-Austral". (ci-dessous) (Vers une autre photo de presse).
Le 30 Septembre 1928 Chéret participe à la Course de Côte de Gaillon dans le Zed LMP Austral cyclecar (ci-dessus, à droite.)
En novembre de la même année, il participe à la Coupe de l'Armistice et remporte la classe 350cm³ dans un cyclecar Austral à moteur LMP (ci-contre).
Quoique la mode de ces véhicules, en ce qui concerne la circulation routière, soit déjà dépassé dans les années 1930, on continuait à construire des cyclecars destinés aux courses automobiles, dont il existait une catégorie spéciale, qui leur était reservée.
Environ 1929, dans le cyclecar Jack-Sport à moteur LMP 350cm³ (ci-dessus et ci-dessous).
En 1929, Étienne Chéret est devenu champion de France des tricyclecars dans le cyclecar Jack Sport
Chéret dans le cyclecar Jack Sport au Bol d'Or en mai 1929 (voir la photo complète)
Bol d'Or 1931
Dès 1930, "l'infatigable et courageux Chéret" (Match 6 juillet 1933) apparaissait lors de diverses épreuves avec un cylecar "Sphinx Staub", mû par un bloc-moteur Staub de 252 cm³ :
Septembre 1931 à Montlhéry: Chéret dans le cyclecar Sphinx-Staub lors des Championnats de France de l'U.M.F.
vers la photo entière
Le cyclecar Sphinx-Staub triompha au Bol d'or en 1932:
Le sourire du vainqueur ... et un constructeur content: à gauche on reconnait George Staub
Bol d'Or 1932
Environ 1936, après une participation à l'épreuve Paris-Nice et au Tour de France, Étienne Chéret, ayant la cinquantaine, apparemment raccrocha son casque.
De sa vie privée, on sait seulement très peu:
Fort de son expérience cycliste, Chéret a commencé à construire des bicyclettes de sa propre marque. En 1914, nous entendons parler de la maison Cycles Chéret, grâce à une publicité (ci-dessous) et un article parus dans la revue L'Aero: en avril, le lundi de Pâques, lors de la fête printanière de Bezons (S. et O.), une course cycliste est organisée, qui comporte un "concours des cycles Chéret". Les prix étaient exposés préalablement maison Chéret, 48, Quai de Seine, à Bezons.
Après la Grande Guerre il n'y a plus de trace d'une fabrication de cycles Chéret. Un témoin de la production est la très belle plaque de cadre (ci-contre), propriété de la famille Grouésy.
Dans les années '20 Chéret habitait Pontoise (Seine-et-Oise), 61, Rue de Rouen.
Son gagne-pain était la mécanique: En 1929 il s'était associé avec un autre pilote de motocyclettes et voiturettes, André Desmoulin, et les deux exploitaient un atelier pour "le montage et la réparation de motocyclettes, sidecars et cycle-cars, avec siège 26, Allée d'Antin, le Perreux (Seine)". Entre-temps, en 1931, ils étaient déclarés en faillite, mais l'entreprise demeura quand même au moins jusqu'à 1935. Cette année-là elle apparaît pour la dernière fois dans les archives commerciales.
Il était marié deux fois: le 10 janvier 1907, il épousa Jeanne Foichat, originaire de la Région du Bourget du Lac. Ils ont eu un enfant, Albert Chéret, né en 1906 à Paris.
Le 10 décembre 1938, il épousa Suzanne Jeanne Versinger.
Étienne Chéret est décédé à l'âge de 80 ans, le 14 avril 1967 à Beauvais, Oise.
Je remercie très cordialement Mme Christiane Grouésy (Chéret) pour les belles photos des souvenirs de la carrière sportive de son grand-père, ainsi que pour les précisions concernant la famille de Chéret.
Étienne Chéret sur une moto Jack Sport à moteur LMP 350 cm³,
photographié à Neuilly le 15 avril 1930 au pésage du Tour de France
Deux médailles splendides que Chéret a gagnées: Lors de la Coupe de l'Armistice en 1926 (ci-dessus), et comme vainqueur dans la classe motos 350 cm³ sur une Gillet Herstal lors de la Coupe de France de Tourisme en 1933 (ci-dessous).
Étienne Chéret
Ses participations et succès sportifs:
3 mars 1913 Cross Cyclo pedestre (cycliste). Class.: 1er
14 février 1923 Paris-Nice. Vélomoteur 125 cm³ P.S. (Poinsard et Sivigny).
6 juillet 1924 Journée des records, Arpajon. record sur 1 km, vélomoteur, sur 75 cm³ Rovin 51'' 4/5, record du monde! En plus, Chéret était le passager dans le sidecar de Herbert Le Vack qui a pulvérisé tous les records sur sa Brough Superior/ JAP 1000 cm³ . (ci-contre et ci-dessous. agrandir la photo ci-contre)
1927, 11 décembre Course de Côte de Gometz-le-Châtel avec la 350 cm³ Austral attelée.
20 mars 1928 Paris Nice, motos 175 cm³ Chéret participe avec l'équipe San-Sou-Pap.
5 octobre 1928 "Tourist Trophy" français à Montlhéry. Chéret sur moto Rochester 250 cm².
1928, novembre Coupe de l'Armistice. LMP Austral cyclecar 350 cm³. Class.: 1er.
18-20 mai 1929 VIII. Bol d'Or (St. Germain-en-Laye). 350 cm³ Cyclecar (Jack Sport) 242 tours, 1011, 560 km. Class.: 1er.
26 août 1929 Journée des records à Arpajon, Autodrome de Linas-Montlhéry.
12 novembre 1929 Coupe de l'Armistice. Cyclecar "Jack Sport" 350 cm³. Class.: 1er.
25 octobre 1931 Course de Côte de Gometz-le-Châtel. Classement: 1er en catégorie cyclecars 350 cm³ (Sphinx?) 47 s 3/4.
1932, mai Bordeaux - Pau - Biarritz - Bordeaux. Gillet-Herstal 350 cm³. sans pénalisation.
17 juillet 1932 Au Championnat de la Polymultipliée à Chanteloup (cycliste), A. Chéret et Mme Even sortent vainqueurs de la catégorie tandem sur un tandem Pitard. (ci-contre). Il s'agit très probablement d'Albert Chéret, le fils d'Étienne Chéret.
1933, mai XII. Bol d'Or (St. Germain-en-Laye). 350 cm³ Cyclecars. 252 cm³ Sphinx-Staub. Class.: 1er.
1933, août Paris - Les Pyrénées - Paris. 350 cm³ Gillet Herstal. Class.1er ex aequo, groupe blanc.
1933 Chéret remporte la Coupe de France de Tourisme de l'Union Motocycliste de France (U.M.F.) dans la classe motos 350 cm³ sur Gillet Herstal.
Six Jours D'Hiver 1928, l'équipe San-Sou-Pap, victorieuse en Groupe Bleu. Étienne Chéret est à droite.
Chapitre créé le 25 janvier 2014