Louis Ruffin
Louis Ruffin, administrateur de l'Austral depuis 1921 au plus tard, est sans doute l'homme qui est à l'origine de l'essor qui a pris la production de bicyclettes de la société Cycles Austral au début des années 1920. Fervent adepte du cyclisme, il reconnut clairement l'importance des victoires sportives pour la vente de vélos et menait Austral à la victoire au Tour de France 1922. Ruffin, qui maîtrisait bien la soudure autogène, était probablement le rénovateur qui a fait en sorte que l'Austral abandonne l'assemblage des cadres par raccords en fonte malléable en faveur de l'assemblage par soudure autogène.
Je tiens à remercier chaleureusement Denis Royer, petit-fils de Louis Ruffin, qui a généreusement mis à disposition les photos de son grand-père et sa famille.
Je tiens à remercier chaleureusement Denis Royer, petit-fils de Louis Ruffin, qui a généreusement mis à disposition les photos de son grand-père et sa famille.
Louis Lucien Marie Ruffin (* 3 janvier 1884 à Paris, +23 novembre 1967 à Chartres) était l'un des quatre enfants du bijoutier, puis ingénieur des arts et manufactures, Jean Albert Ruffin (22 février 1859 — 12 septembre 1931) et de sa femme Lucie Zoë Charlotte.
Ses frères et sa sœur qui tous joueraient un certain rôle dans l'histoire de la marque Austral, étaient:
Jacques Jules (26 janvier 1883 — 24 décembre 1961), qui était traducteur juré de profession, Suzanne Henriette Julie (19 juin 1886 — 11 juillet 1971) et Adrien Louis Raymond (7 mai 1896 — 26 septembre 1966).
Le père de Louis, Jean Albert Ruffin, fabricant de vélocipèdes, était dès 1896 associé à Étienne Louis Auguste Olivier (*18 juillet 1865 à Marigné, +29 avril 1929 à Paris) pour fabriquer des bicyclettes, accessoires et serrures. Le 19 avril 1896 s'est formée la société en nom collectif Olivier & Ruffin, sise 71 bis, Avenue de la Grande-Armée, à Paris. Cette société fabrique des machines de précision et des pièces détachées et surtout des bicyclettes dénommées "ma camarade" sous le nom de marque Cycles Météore jusqu'à la dissolution de la société le 1er février 1899. Le liquidateur de celle-ci est Ruffin qui continue seul la fabrication ou juste la vente des Cycles Météore sous le nom commercial "Fournitures Générales pour la Vélocipédie". Après la dissolution de la société, Ruffin avait apparemment agrandi son entreprise et a déménagé au nº 77 de l'avenue de la Grande Armée dans un local qui abritait auparavant la fabrique de vélocipèdes Rouxel et Dubois (1897), puis le garage Mouter (1898). Au plus tard dès 1899, il est aussi le fabricant des voiturettes "Olga" qui sont produites à Puteaux avec la collaboration d'un certain Mr Lemarie.
La production de la voiturette est cependant de très courte durée car à partir du printemps 1901, Ruffin se retire progressivement de son activité.
La production de la voiturette est cependant de très courte durée car à partir du printemps 1901, Ruffin se retire progressivement de son activité.
Albert Ruffin et son fils Louis, agé de 15 ans, sur une voiturette "OLGA" en 1899.
(agrandir)
Une annonce d'Albert Ruffin, Cycles Météore, datant de 1901
met en relief la voiturette OLGA parmi les autres produits commercialisés par lui.
Mais revenons à Louis Ruffin qui a apparemment travaillé d'abord dans l'entreprise de son père, car il indique comme profession "marchand de bicyclettes" sur le document de recrutement en 1904. Plus tard y fut ajouté: soudeur autogène.
Le 20 juillet 1907, Louis Ruffin, entre-temps devenu "industriel" étant domicilié avec ses parents au 66, avenue de la Grande Armee, se marie à Paris avec Andrée Renard. Au plus tard à partir de 1911, Ruffin habite Puteaux, avenue de la Défense, 33 bis. Dans cette résidence naîtront ses fils et décèdera sa femme Andrée le 9 juin 1938.
Leurs fils étaient: Jean Louis Armand (*19 juillet 1911); Robert Yves André (*5 juin 1916); Lucien Jacques Paul (*21 avril 1924, + 1926).
Il avait aussi déjà en 1911 un atelier de construction de cycles au 68, rue de la République à Puteaux, l'adresse où à partir de 1921 se trouveront les ateliers et le siège social d'Austral.
Au début de la guerre, d'août à octobre 1914, Louis Ruffin a pris part aux combats d'Étain (Ardennes).
La paix revenue, Ruffin construit en 1919 un tricycle pour enfants à pédalier sur la roue avant, appelé "la Triclette".
Leurs fils étaient: Jean Louis Armand (*19 juillet 1911); Robert Yves André (*5 juin 1916); Lucien Jacques Paul (*21 avril 1924, + 1926).
Il avait aussi déjà en 1911 un atelier de construction de cycles au 68, rue de la République à Puteaux, l'adresse où à partir de 1921 se trouveront les ateliers et le siège social d'Austral.
Au début de la guerre, d'août à octobre 1914, Louis Ruffin a pris part aux combats d'Étain (Ardennes).
La paix revenue, Ruffin construit en 1919 un tricycle pour enfants à pédalier sur la roue avant, appelé "la Triclette".
Robert, le fils cadet de Louis Ruffin, sur la Triclette.
En 1920, Ruffin apparaît dans les annuaires correspondants en tant que constructeur des cycles Essor à l'adresse susmentionnée à Puteaux, 68, rue de la République.
Environ 1921, en relation avec sa nomination au poste de directeur d'Austral, Louis Ruffin passa la fabrication des cycles Essor à Marcel Coadou de Caen, et son local à Puteaux devenait ensuite le siège d'Austral, alors que la fabrication des cycles Essor déménagea à Caen. (voir aussi le chapitre "Austral après 1935")
Environ 1921, en relation avec sa nomination au poste de directeur d'Austral, Louis Ruffin passa la fabrication des cycles Essor à Marcel Coadou de Caen, et son local à Puteaux devenait ensuite le siège d'Austral, alors que la fabrication des cycles Essor déménagea à Caen. (voir aussi le chapitre "Austral après 1935")
Il y a plusieurs années, nous avons eu sur le forum LVM un premier contact avec Denis Royer. À cette époque, il a rendu compte d'un événement qui s'était produit au début des années 1920:
"c'est mon grand-père Louis Ruffin qui eut l'idée de mettre un moteur sur la roue avant d'un vélo, ce n'était ni plus ni moins que le Solex. Malheureusement, les moteurs ne se montaient pas correctement sur les cadres. Je crois que cette erreur a coûté très cher à la société Austral et mon grand-père en a été considéré comme responsable. Les essais devaient avoir lieu au fameux vélodrome d'hiver à Paris (...). En tout cas il n'y a pas eu de suite."
Nous sommes maintenant dans la mesure d'élucider un peu l'histoire contée par M. Royer. Le vélo dont on lui avait raconté était bien sûr de marque Austral et le moteur auxiliaire qu'on avait mis sur la roue avant était sans doute un Cyclotracteur. Il en reste encore aujourd'hui un exemplaire dans un musée britannique:
Nous sommes maintenant dans la mesure d'élucider un peu l'histoire contée par M. Royer. Le vélo dont on lui avait raconté était bien sûr de marque Austral et le moteur auxiliaire qu'on avait mis sur la roue avant était sans doute un Cyclotracteur. Il en reste encore aujourd'hui un exemplaire dans un musée britannique:
Bicyclette Austral avec moteur auxiliaire Cyclotracteur.
Je remercie vivement Hans Pessink qui m'a confié la photo, prise par un ami.
Cependant, le petit "Cyclotracteur" amovible avait été inventé déjà en 1913 par Raymond Georges Aimé Mauclaire (*2 février 1879). Il en demanda le brevet (FR472.664) le 12 août 1913, et il y ajouta quelques additions le 22 septembre 1915.
L'inventeur lui-même appelait son moteur "mototracteur". Il le construisait tout d'abord dans un atelier sis au 47 bis, Avenue de Clichy, à Paris. Après la Première Guerre mondiale, Mauclaire céda les droits à la Compagnie Française des Automobiles de Place, sise 2, Place Collange à Levallois-Perret. Entre 1919 et 1923, le moteur fut construit par cette société avec de légères modifications et commercialisé sous le nom "Cyclotracteur".
C'est un groupe amovible qui est adaptable à toute bicyclette, puisqu'il comprend en un seul bloc le moteur et tous ses accessoires, même la transmission et le débrayage. Le moteur est un quatre temps encore à soupape d'admission automatique. La cylindrée est de 108 cm³ (50 x 55 mm) ce qui donne une puissance de 1,25 CV. L'alimentation est confiée à un carburateur Fill automatique, le graissage est assuré par une pompe commandée mécaniquement. L'allumage se fait par une magnéto Déesse et la transmission est à galet de friction, opérant directement sur le pneu avant de la bicyclette.
Après l'arrêt de la production du Cyclotracteur en 1923, l'Austral tient à l'idée du vélo à moteur auxiliaire et se dirige à Marcel Échard, constructeur du petit moteur amovible Lutétia. Par la suite, les vélos Austral seront dotés du moteur auxiliaire "Austral" lic. Échard. (voir le moteur auxiliaire Lutétia/Austral)
Après l'arrêt de la production du Cyclotracteur en 1923, l'Austral tient à l'idée du vélo à moteur auxiliaire et se dirige à Marcel Échard, constructeur du petit moteur amovible Lutétia. Par la suite, les vélos Austral seront dotés du moteur auxiliaire "Austral" lic. Échard. (voir le moteur auxiliaire Lutétia/Austral)
Six jours de New York, décembre 1921
Louis Ruffin était un inconditionnel du cyclisme qui accompagnait en 1922 l'équipe Austral lors du Tour de France, où José Pelletier sur bicyclette Austral se classe 1er dans la 2e catégorie.
Louis Ruffin, à gauche, et le cycliste José Pelletier avec son vélo Austral, à droite. Tour de France, juillet 1922
Ruffin a été appuyé efficacement lors des manifestations sportives par M. Jaquet, le directeur sportif de l'Austral, ainsi que par son frère Raymond, qui était même directeur technique pendant quelque temps. Dans les années 1922 et 1923 les deux frères accompagnaient souvent dans la voiture officielle d'Austral les courses cyclistes, comme par exemple Paris-Bruxelles ou Paris Bourganeuf.
Nous ne savons pas grand-chose de la suite de la carrière de Louis Ruffin. Il a quitté Austral au milieu de l'année 1925, après une grave brouille.
Bien qu'il soit encore directeur d'Austral en mars 1925 ou il signe une lettre au Service des Mines demandant l'homologation de la moto type B25, on le retrouve dès l'automne de la même année dans un nouveau poste chez Cycles Loriot.
Bien qu'il soit encore directeur d'Austral en mars 1925 ou il signe une lettre au Service des Mines demandant l'homologation de la moto type B25, on le retrouve dès l'automne de la même année dans un nouveau poste chez Cycles Loriot.
Dans le Didot-Bottin de 1926, il figure à nouveau comme fabricant de cycles et de fournitures avec magasin au nº 68, rue de la République, alors que les années précédentes, il n'apparaissait pas dans cet annuaire.
Albert-Édouard Puyplat
Albert-Édouard Puyplat
Suzanne Ruffin, la sœur de Louis Ruffin, épousa le 17 mai 1913 l'artiste peintre Albert Édouard Puyplat qui peindra dans les années 1920 l'affiche Cycles Austral bien connue, avec le cycliste qui descend le trajet formé par les lettres du nom de la marque. (voir dans un format plus grand sous la rubrique "Les Bicyclettes")
Albert Puyplat qui est issu d'une famille d'artistes, est né le 6 mai 1878 à Paris. Ses parents étaient le graveur Jules Jacques Puyplat (né à Cusset le 9 oct 1843 +1 mars 1915) et l'institutrice Marie Louise Furet. Le couple s'était marié à Paris le 4.10.1877. Albert avait encore quatre frères et sœurs:
Marie Alice Puyplat (née le 5 mai 1880 à Paris, ville où elle est décédée le 26 octobre 1965), qui a épousé le peintre Marcel Julien Baron, était elle aussi une célèbre artiste peintre et graveuse. Elle était en outre professeure de dessin.
Lucien Georges Puyplat, né le 24 mai 1882 à Paris, était sculpteur.
Juliette Marie Augustine Puyplat (*22 juin 1884 à Bourg-la-Reine, + le 17 mars 1955 à Ivry-sur-Seine),
Jacques Émile Puyplat (*12 mai 1886 Bourg-la-Reine, mort pour la France le 15 septembre 1914 à Champfleury).
Jules-Jacques Puyplat, le père, était le graveur des premiers timbres-poste typographiés pour les ex-colonies. Il gravait sa première série de timbres pour la Guyane en 1904, et en 1906, il dessinait et gravait des timbres avec portrait du général Louis Faidherbe ou avec images de palmiers. D'autres motifs étaient principalement des animaux sur les timbres pour les colonies africaines et le portrait d'une femme annamite pour l'Indochine. Mais Jules-Jacques Puyplat était avant tout un illustrateur qui travaillait pour de nombreux journaux de l'époque: Le Musée universel, Le Magasin pittoresque ou Le Monde illustré entre autres.
Comme son père, Albert Puyplat était surtout illustrateur, peintre et graveur. On connaît de lui des livres illustrés pour enfants ainsi que des livres de bibliophilie, de nombreux dessins d'encre, et des illustrations pour livres de contes et romans. Élève de Luc-Olivier Merson (1846—1920), Albert Puyplat a reçu une formation de peintre classique. Il était aussi peintre paysagiste de talent osant dans ses compositions des couleurs et des effets de lumière très réussis. Sur ses tableaux, qui sont principalement peints à l'huile sur panneau, on découvre la Bretagne Nord (Côtes-d'Armor) et la région de Fontenay-aux-Roses où il habitait et travaillait. En outre, il dessinait l'ornementation pour livres, ex-libris, etc. Il est aussi l'auteur du portrait de son beau-père Jean Albert Ruffin (en haut du chapitre).
L'affiche Austral occupe une place particulière au sein de son œuvre, car nous ne connaissons aucune autre affiche publicitaire executée par lui. C'était sans doute son beau-frère, Louis Ruffin, qui lui a confié la réalisation de l'image d'un cycliste sur son vélo Austral.
Albert Puyplat est décédé le 2 mai 1939 à son domicile au 5, ruelle des Champarts à Fontenay-aux-Roses, près de Paris.
Chapitre créé le 2 février 2020 — Enrichi de photos le 3 février 2023