Édouard Cheilus
Le fondateur de la marque Austral, Édouard Marie Gustave Cheilus, est né le 5 mai 1882 à Maffliers (Val d'Oise), au château des Bons-Hommes, la résidence d'été de sa famille, en tant que benjamin de quatre enfants. Ses parents étaient Louis Eugène Cheilus (4/2/1838 - 15/11/1922), ingénieur civil et entrepreneur et son épouse, Amélie Lefébure de Saint-Maur (24/11/1849 - 13/1/1906. Voir faire-part de décès).
Pour mieux entendre l'arrière-plan familial et socioculturel d'Édouard, il faut se pencher un peu sur les entreprises et les conquêtes de ses parents et ses aïeux, qui jouaient un rôle très important au début de la construction des chemins de fer en France en pleine révolution industrielle.
Son grand-père, Louis-Antoine Cheilus (1806-1886) était associé-gérant des établissements Jean-François Cail. La maison Cail, située à Chaillot, puis à Paris, quai de Grenelle 15, produisait depuis 1844 des locomotives. Le modèle le plus célèbre était la Crampton, la locomotive la plus rapide du monde à son époque, qui fut construite dans l'usine à Denain (ci-dessous).
Les Ets. Cail réalisaient en outre des imposantes constructions métalliques, comme par exemple le pont de fer de Moulins (1858) ou le viaduc de Busseau - d'Ahun (1864, ci-dessous), et on exploitait deux sucreries.
De plus, Antoine Cheilus prenait part dans la construction du premier distillateur à plateau capable de produire de l'éthanol pur, le distillateur Adam-Derosne et Cail. Quand l'ancienne société Cail et Cie est liquidée en 1870, Antoine, jusque-là l'un des deux gérants et des actionnaires principales de l'entreprise, est le liquidateur. Cail, pour sa part, fonde cette même année une nouvelle société conjointement avec son fils Alfred.
L'un des deux fils d'Antoine, Louis-Eugène Cheilus, le futur père d'Édouard, s'intéressait aussi au métier de la métallurgie. Vers 1862, il est cofondateur et gérant de la société Moussard-Cheilus jeune et Cie, dont la première fonction est l'entretien et la réparation de bureaux ambulants (wagons de la poste pour le tri et le transport de dépêches). En 1863, M. Moussard est remplacé par M. Chevalier et la nouvelle Société Chevalier, Cheilus jeune & Cie, située à Paris, dans le quartier de Grenelle, construit dès 1864 environ jusqu'à 1879 du matériel roulant pour chemins de fer. On fabriquait surtout des voitures à voyageurs pour les plus grandes compagnies de chemins de fer françaises, mais aussi pour la Compagnie des Tramways à Vapeur de la Chalosse et du Béarn, et la Ferrovia del Moncenisio. L'un des chefs-d'œuvre était sans doute le wagon de Sa Hautesse le Sultan de Turquie qui faisait partie du train impérial du chemin de fer de Scutari (Üsküdar) à Ismidt (Izmit).
Le wagon du Sultan de Turquie, construit par Chevalier, Cheilus jeune et Cie, 1870
Déjà en 1875, il y avait des bruits sur une liquidation imminente de Cheilus-Chevalier, ce qui se produira quatre ans plus tard, en 1879, suite à un incendie dévastateur dans l'usine. MM. Chevalier, Rey et Lambert fondent une nouvelle entreprise, la Société des Chemins de fer du Cambrésis en 1880. Louis-Eugène Cheilus s'était entretemps tourné vers une matière qui avait déjà intéressé son père Antoine: la fabrication de sucre.
En 1868 fut fondée à Méru (Oise) la Compagnie sucrière de Méru (Eugène Cheilus et Cie). Le Capital de cette compagnie était de 1.200.000 frs en 1876. Cette année-là, le siège social est transféré de Paris à Méru, et la famille Cheilus déménagait aussi à Méru, où les enfants Gabrielle et Robert sont nés. Mais en 1877 la société Eugène Cheilus et Cie est dissoute. Ce n'est qu'en 1883 qu'une nouvelle société civile est constituée dans le but d'acquérir et d'exploiter la sucrerie de Méru. En avril 1885 la fabrique est donnée à bail a M. Flisseau.
La sucrerie de Méru était en fonction pendant 40 ans. On cessait la fabrication de sucre vers 1910 quand l'outillage était trop démodé.
En 1888, les parents d'Édouard convinrent d'une séparation de leurs biens, probablement suite à un débat judiciaire dû aux problèmes avec le locataire-gérant de la sucrerie. Cheilus voulait apparemment éviter que sa femme soit responsable sur ses biens personnels au cas de défait. De toute façon, il n'était pas question de divorce. Dans l'annuaire des adresses mondaines de Paris de l'année 1904, nous trouvons encore le couple Eugène et Amélie Cheilus comme résidents de la maison 5, rue de la Néva, à Paris.
Selon le faire-part de décès d'Eugène Cheilus, sa dernière position professionnelle était celle de directeur de l'agence parisienne de la prestigieuse Faïencerie de Gien (qui existe toujours), dont un membre de la famille de sa femme, M. Geoffroy, était l'un des dirigeants entre 1849 et 1875. (ci-contre, un vase fabriqué par la Faïencerie de Gien en 1877)
Revenons au fondateur de l'Austral:
Édouard Cheilus fréquentait l'École Saint-Ignace à Paris, une institution jésuite, où, en été 1897, il était même parmi les lauréats dans la matière Humanités. (Voir deux listes dans la presse).
En 1904, on le trouve, entre-temps devenu ingénieur civil, au domicile paternel 5, Rue de la Neva (Hachette 1904).
Cette année-là, il fonde l'entreprise "Éd. Cheilus et Cie" et présente son premier tricar au Salon 1904, un prototype "systeme Albert Jean", breveté conjointement avec son associé du même nom, qui avait un atelier dit "Vélocipède et motocycle" 5, Place Pigalle, devenu le siège social de la nouvelle société. (voir "Histoire").
En 1905 naît la Société Anonyme de Constructions Mécaniques "L'Austral", avec siège social 8, Rue du Débarcadère.
Cette année-là, il fonde l'entreprise "Éd. Cheilus et Cie" et présente son premier tricar au Salon 1904, un prototype "systeme Albert Jean", breveté conjointement avec son associé du même nom, qui avait un atelier dit "Vélocipède et motocycle" 5, Place Pigalle, devenu le siège social de la nouvelle société. (voir "Histoire").
En 1905 naît la Société Anonyme de Constructions Mécaniques "L'Austral", avec siège social 8, Rue du Débarcadère.
Le 10 septembre 1905, Cheilus participe en personne au guidon d'un tricar Austral au "Concours de Tri-cars Saint-Germain - Mantes - Saint-Germain" se classant quatrième (vers une photo).
Son coéquipier Albert Jean se classe seizième.
Édouard Cheilus en peau d'ours pose sur un tricar du type B série 1, 1906
La même année fait faillite "The Explosives and Chemical Products, Ltd." située à Great Oakley, près du port de Harwich, en Angleterre. L'affaire est reprise aussitôt par le groupe Barbier, dirigée par l'industriel français Eugène-Jean Barbier (1851-1944, à gauche), qui en outre possède sept usines produisant des explosifs et des produits chimiques, situées en France, en Italie, en Espagne, en Russe et en Grèce.
Il avait enregistré sa marque en France en 1891 (ci-contre. Voir l'annonce dans le bulletin de la propriété industrielle Genève 1895.) Eugène-Jean Barbier lui-même devient directeur de la branche anglaise, pendant que parmi les membres du comité d'administration apparaissent son fils Paul Lucien Barbier 1886-1919) et Édouard Cheilus.
Le 29 décembre 1908, Cheilus épousa Eugénie-Jeanne Barbier (1 avril 1884 - 15 novembre 1948), la fille de l'industriel, une féministe avouée, qui luttait pour le droit de vote des femmes et qui évoluait dans les cercles intellectuels. Édouard, lui, prend part à des cercles littéraires et fait des dons généreux pour les bonnes causes. En 1913 et 1914, il est président de l'Autocycle Club de France (ACCF) et s'engage dans l'organisation des courses et des épreuves par exemple à Gometz-le-Châtel.
Il avait enregistré sa marque en France en 1891 (ci-contre. Voir l'annonce dans le bulletin de la propriété industrielle Genève 1895.) Eugène-Jean Barbier lui-même devient directeur de la branche anglaise, pendant que parmi les membres du comité d'administration apparaissent son fils Paul Lucien Barbier 1886-1919) et Édouard Cheilus.
Le 29 décembre 1908, Cheilus épousa Eugénie-Jeanne Barbier (1 avril 1884 - 15 novembre 1948), la fille de l'industriel, une féministe avouée, qui luttait pour le droit de vote des femmes et qui évoluait dans les cercles intellectuels. Édouard, lui, prend part à des cercles littéraires et fait des dons généreux pour les bonnes causes. En 1913 et 1914, il est président de l'Autocycle Club de France (ACCF) et s'engage dans l'organisation des courses et des épreuves par exemple à Gometz-le-Châtel.
Après la Grande Guerre les activités d'Austral recommencent dans les installations à Puteaux (Seine) en 1919 sous la direction d'abord de Pierre Ménard, puis de Lefèvre (1922/23), de Ruffin (1923) et finalement de Dacier.
Probablement en 1916, suite à la mort de sa grand-mère maternelle Louise Lefébure de Saint Maur (née Geoffroy), Cheilus avait hérité, conjointement avec sa sœur Gabrielle et son frère Robert, du château des Bonshommes à Maffliers dans la forêt de l'Isle-Adam, le manoir qui était sa maison natale et qui avait été toujours l'habitation de campagne de sa famille (ci-dessous).Le 11 octobre 1918, Édouard Cheilus fait breveter un "gazéificateur mélangeur pour l'alimentation des moteurs à explosion". En 1922 on retrouve Cheilus parmi les administrateurs de la nouvellement formée Société "Cycles Austral". En janvier 1928, en tant que directeur du conseil délégué, il sollicite l’homologation de six nouveaux modèles de motos Austral. L'année suivante, il fait breveter le châssis du tricar type L1, une camionnette à trois roues pour les petits commerçants. En 1930, Cheilus dépose un brevet concernant des "perfectionnements à la constitution des caisses de carrosseries", publié le 30 juin 1931. (voir "Les Brevets d'Invention").
Au début des années trente, lorsque la crise économique suite au krach boursier de Wall Street frappa la France de plein fouet, il semble que l'Austral aussi tombe en chute libre.
Une tentative de renouvellement est faite en 1932 avec la fondation de la "Société Nouvelle des Véhicules Industriels Austral", une entreprise dont l'objectif était la commercialisation des camionnettes à trois roues et dont Édouard Cheilus était l'un des administrateurs.
Une tentative de renouvellement est faite en 1932 avec la fondation de la "Société Nouvelle des Véhicules Industriels Austral", une entreprise dont l'objectif était la commercialisation des camionnettes à trois roues et dont Édouard Cheilus était l'un des administrateurs.
Mais trois ans plus tard, le 27 mars 1935, Austral ferma définitivement ses portes.
En décembre de la même année, le couple Édouard et Eugenie Cheilus conviennent d'une séparation de biens, sans doute suite à la faillite de la nouvelle société.
En analysant tous les faits connus, on a l'impression que l'Austral ne formait pas - ou du moins pas toujours - le centre de l'activité professionelle de Cheilus, qui néanmoins restait toujours actionnaire de l'entreprise. En décembre de la même année, le couple Édouard et Eugenie Cheilus conviennent d'une séparation de biens, sans doute suite à la faillite de la nouvelle société.
Pendant ses dernières années d'exercice, Cheilus était directeur de Lutèce-Films, une société d'éditions cinématographiques, constituée à Paris en 1925.
Édouard Cheilus s'est éteint le 9 octobre 1948, âgé de 66 ans. Sa femme Jeanne mourut quatre semaines plus tard, le 15 novembre 1948. Apparemment ils n'avaient pas d'enfants.
Faire-part de décès d'Édouard Cheilus, 1948.
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Du Château des Bonshommes seulement
la grille qui donnait accès à la propriété tient encore debout
Chapitre créé le 25 janvier 2014